Propositions

La lutte contre la précarité énergétique dans le logement : une condition de la transition juste

Publié le 24 mars 2017 , mis à jour le 16 novembre 2020

La précarité énergétique résulte de la difficulté ou de l’impossibilité d’un ménage à payer ses factures d’énergie, électricité ou gaz, pour satisfaire les besoins de confort à l'intérieur de son logement. Elle est donc liée à la mauvaise isolation des logements, à une installation de chauffage insuffisante ou en panne qui implique des factures élevées d’énergie.

On estime à près de 8 millions de Français, soit 13% de la population, se trouvant en situation de précarité énergétique, qui ne peuvent pas assumer leurs factures d’énergie pour leur logement ou leurs transports. Parmi eux, plus d’1 million de très précaires ne peuvent plus satisfaire leurs besoins énergétiques essentiels. La transition énergétique doit permettre de lutter contre ce phénomène, en assurant un juste partage des ressources et un accès équitable à l’énergie pour tous.

Qui est touché ?

Ce sont les populations les plus pauvres et précaires, locataires comme propriétaires occupants, une majorité de personnes de plus de 60 ans, une part importante de familles monoparentales, les jeunes... Dotées de ressources limitées, les capacités à se chauffer sont limitées, ou font peser le risque de coupure ! Les factures d’énergie font partie des factures "contraintes", qui lorsqu’elles augmentent, ont pour effet de renforcer la précarité des personnes / ménages.

Quelles sont les conséquences sur la santé ?

La précarité énergétique a des effets sur la santé : problèmes chroniques respiratoires, ostéo-articulaires, neurologiques ou de dépression apparaissent plus fréquemment dans le groupe exposé.

Chiffres clés

En 2016, la précarité énergétique en France touche :

  • 10,4% des Français.
  • 5,8 millions de personnes en précarité, dont 45% habitent des passoires énergétiques.
  • Pour ces personnes, la facture énergétique pour le logement représente plus de 10% de leur revenu.
  • En France, les 3/4 des logements se situent dans les classes D, E, F, ou G de l’étiquette énergie. Soit plus de 150kWh par m2 et par an. Soit 3 X plus que les logements neufs respectant la réglementation thermique en cours.
  • Les passoires énergétiques sont les logements qui ont une étiquette énergie F ou G : ce sont 7,4 millions de logements dans le parc résidentiel privé français, soit 33 % des résidences principales.
  • Une augmentation de 10% du prix de l'énergie peut faire basculer environ 500.000 ménages en situation de précarité. Ces prix de l’électricité pourraient augmenter dans les années à venir : hausse du prix du pétrole, fonctionnement du parc nucléaire, taxe sur les énergies fossiles. Le risque de voire une part supplémentaire de la population basculer dans la précarité doit être anticipé.

Au niveau européen c’est un peu moins de 11% de la population qui rencontre des difficultés pour chauffer son logement.

Quelles sont les clés pour lutter contre la précarité énergétique ?

  • La rénovation énergétique des logements : isoler, remplacer le système de chauffage et opter pour les renouvelables.
  • La maîtrise des consommations : renforcer les capacités des acteurs par la formation, la sensibilisation, l’accompagnement...
  • Prendre la mesure de l’urgence sociale et anticiper les risques : c’est en adressant prioritairement les ménages précaires, spécialement ceux sous le seuil de pauvreté, et ceux directement exposés au risque de précarité, par des politiques publiques adaptées et conséquentes que la transition énergétique pourra être équitable et efficace, et donc acceptable par tous et au bénéfice de tous.

Les propositions de la Fondation

  1. Rénover thermiquement plus de 7 millions de logements F et G en France, d’ici à 2025.
  2. Adopter une politique nationale ambitieuse de rénovation afin d'améliorer les performances énergétiques
    La Fondation Nicolas Hulot défend l’ambition d’un important chantier national de rénovation des logements. Pour cela, il est nécessaire de mettre en place une gouvernance adaptée au niveau national impliquant les acteurs territoriaux et professionnels. Ce chantier doit pouvoir s’appuyer sur un dispositif de suivi et d’évaluation des situations de précarité.
  3. Faire évoluer les normes et réglementations à la construction et à la vente et à la location des logements
    La Fondation souhaite le développement d’outils de contrôle du respect de la réglementation thermique des logements ainsi que la création d'un dispositif spécifique d’accompagnement financier à la rénovation pour les familles précaires. Ces mesures ne sauraient être mises en place sans un renforcement de la formation des professionnels. Il faut également pouvoir construire une offre de rénovation énergétique complète et de qualité en partenariat avec les professionnels du bâtiment.
  4. Proposer des aides spécifiques aux ménages en situation de précarité énergétique
    Il s’agit de mettre en place sur le terrain des dispositifs d’aide et d’accompagnement spécifiques adaptés aux ménages en situation de précarité énergétique.
    Le Gouvernement a chargé l’Agence nationale de l’habitat (ANAH) de mettre en œuvre un programme d’aide à la rénovation thermique des logements, dit programme « Habiter Mieux ».
    Les réponses apportées par le programme « Habiter Mieux » restent insuffisantes et partielles. Il doit être complété par des actions de terrain qui à défaut d’éradiquer le phénomène participeront à sa prévention, et proposer des solutions pour tous les publics : formation des professionnels, repérage des publics, démarches personnalisées.

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